jeudi 12 juin 2008

La guerre est déclarée

Economique, j'entends.
Hier soir, la délégation locale des FCE organisait un colloque à l'ESTIA intitulé "Intelligence économique et PME" . Pourvu que l'intelligence économique soit contagieuse car les intevenants étaient plus qu'experts.

Si j'ai bien tout compris (ce qui n'est pas garanti), la guerre économique ou l'intelligence économique (mais à la fin du colloque, les deux termes étaient presque devenus synonymes), c'est savoir diffuser et utiliser l'information pour se développer et faire face à la concurrence. Appliqué à un territoire économique, cela revient plus ou moins à être conquérant en protégeant ledit territoire (qu'il soit géographique ou secteur d'activité).

La France a identifié une dizaine de secteurs stratégiques (le Japon, 170...). Lors de son intervention, Christian Harbulot, directeur de l'EGE, souligne que la France fonctionne toujours sur un système de préservation des acquis et commence à peine "à se préoccuper des PME et des territoires économiques précis". Il insiste également sur le fait que l'opinion française "doit comprendre que la mondialisation n'ouvre pas un climat de paix économique".

Autrement dit, l'avenir économique du (et des) territoire(s) français sera de savoir faire face aux "pays prédateurs", notamment en adoptant un fonctionnement "clanique" par lequel des entreprises se regroupent pour attaquer de nouveaux marchés. Dans cette guerre qu'on imagine plus qu'impitoyable, l'information est l'arme fatale et internet le bras armé. Il ne suffit plus de réagir pour désamorçer les crises, il faut savoir/pouvoir les anticiper.

Je retrouve dans une moindre mesure cette notion de guerre de l'information dans deux actualités numériques récentes.
D'abord l'affaire wikipédia /Euro RSCG : l'agence se plaint officiellement via un communiqué de presse que, sur les requêtes concernant les entreprises du CAC 40 (dont très probablement beaucoup de ses clients font partie) , les articles de l'encyclopédie arrivent en tête des résultats de Google, devant les sites officiels. Elle propose donc que les entreprises citées aient droit à un espace spécifique, sorte de droit de réponse à l'article. Pour ce faire, elle a même organisé un débat avec "les blogueurs et professionnels de la communication et de l'influence"(sic). Tout un programme. Est-ce que tout ce bruit sur des propositions qui vont à l'encontre du principe même de wikipédia n'est pas tout simplement un énorme coup de pub, voire de buzz? Je m'interroge.

Autre exemple : le site du Bon Marché. Dès son lancement fin mai, le site s'est fait littéralement fusiller par tous les observateurs du e-commerce dont certains l'ont proposé comme cas d'école de tout ce qu'il ne fallait pas faire (nom de domaine sibyllin, arborescence obscure, contruction en flash...). Une tribune parue dans le JDN tente désespérément de renverser la balance en prenant à contre-courant toutes les critiques mentionnées. D'après l'auteur, le site est une réussite parce qu'il révolutionne l'e-commerce. Un exemple : le nom : "original, difficile à retenir et éloigné de la marque" , drôle de révolution... La tribune se termine par cette fabuleuse conclusion : "un nom éloigné de la marque, un accès sélectif, des marques branchées mais de niche (...) Le Bon Marché a choisi d'être sélectif et en rupture avec les codes habituels du e-commerce". On peut au moins rendre hommage à cette téméraire tentative de désamorçer la crise mais le mal n'est-il pas déjà fait ?

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